Un jour bleu

Ce blog ouvre ses colonnes à celles et ceux qui souhaitent témoigner de leur parcours, de l’accompagnement de sujets autistes dans l’orientation attachée à la dimension du cas par cas et se fondant avant tout sur la rencontre et sur la relation avec l’autre.

 

Praticiens, parents, enfants, jeunes et adultes accompagnés, chercheurs, artistes et d’autres encore trouveront ici à transmettre le  bien dire de leur expérience de vie, à partir de la place qu’ils occupent dans leur rencontre avec l’autre. Les capacités d’invention et de créations, les bricolages, les trouvailles qui trouveront place ici nous enseigneront sur les styles de vie permettant à chaque un des sujets autistes de construire une vie digne avec son symptôme.

ça ne va pas ! – Iseut Thieffry

ça ne va pas ! – Iseut Thieffry

Qu’à cela ne tienne ! Nous allons voir la cuisinière ensemble pour lui expliquer que Sylvestre déteste le riz et, compliante, la cuisinière lui propose de remplacer le riz, à chaque fois qu’il est au menu, par des pâtes, le plat préféré de Sylvestre étant le spaghetti à la bolognaise. Pendant plusieurs semaines, ravie, je constate que Sylvestre est satisfait des repas. Or, un jour, la même scène se reproduit et, au moment où l’échange est possible, Sylvestre finit par dire : « Encore du spaghetti bolognaise ! Toujours du spaghetti bolognaise ! » Je m’interroge : si, pour un sujet autiste, être le sujet d’une énonciation est difficile, la difficulté est-elle, ou pas, la même, dans l’ordre de la pensée ? Peut-il être le sujet de son énonciation en pensées ?

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Chez l’horloger. L’art de la balade  – Benoît Buffin

Chez l’horloger. L’art de la balade – Benoît Buffin

Michel est arrivé à soixante-cinq ans au Pré-Texte. Après avoir travaillé en Entreprise de travail adapté jusqu’à sa pension, il a demandé à rester actif et a été accepté dans notre Centre de jour.
D’emblée, nous sommes frappés par une espèce d’immobilité. Dans le groupe, il reste imperturbable malgré le bruit et l’agitation. Il paraît également figé, comme si le temps s’était arrêté. Cependant, l’heure semble avoir une fonction pour lui. Les choses doivent être ordonnées, à leur place.
D’une humeur également constante – jamais désagréable, jamais mécontent –, Michel peut poser inlassablement les mêmes questions. Il semble moins préoccupé par la réponse ou par la musicalité de la réponse que par la répétition des questions.
Nous repérons assez vite que…

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Ici, on n’apprend rien – Véronique Pipers et Claire Watteyne

Ici, on n’apprend rien – Véronique Pipers et Claire Watteyne

Je regarde son œuvre, je la félicite. L’étreinte peut alors se relâcher. Car, oui, il n’est pas rare que nous prêtions notre propre corps à ces sujets dont les bords sont flous. À nous de les border de notre corps, de nous prêter physiquement à leur projet, de les laisser faire de nous l’usage qui viendra soutenir leur production. Loïc, pourtant très tonique, s’appuie de tout son corps sur le mien dans la camionnette et s’empare de mon bras quand il veut aller faire des achats à l’épicerie.

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L’ère de l’autisme / La época del autismo – Vilma Coccoz

L’ère de l’autisme / La época del autismo – Vilma Coccoz

Comment, alors, participer à la construction d’un espace propre aux autistes ? C’est en partie notre responsabilité de repérer les signes de leurs inclinations et de leurs talents, afin de les encourager par notre soutien, notre collaboration et notre appui.
Sans aucun doute, voilà l’un des défis que la clinique nous pose à l’époque que nous traversons, pour défendre une subjectivité menacée. Nous saurons y répondre si nous nous préparons suffisamment à résister à la liqueur qui étourdit avec son bruit incessant de promesses et de leurres.

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Du réel brut à l’objet art – Katty Langelez-Stevens

Du réel brut à l’objet art – Katty Langelez-Stevens

Il n’y a pas un chemin commun à toutes ces personnes, même quand la structure subjective est la même. Pas de solution prêt-à-porter. Il y a cependant une tâche à accomplir, celle de parvenir à une extraction et une constitution de l’objet pour localiser la jouissance et ne pas la laisser prendre toute la place. Sans quoi le programme mortifère installe l’enfer sur terre. C’est contre un tel programme que nous nous opposons dans nos institutions en nous soutenant du désir du psychanalyste et de l’offre d’ateliers artistiques.

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De fil en fil – Caroline Labrique

De fil en fil – Caroline Labrique

Ce nouage des ficelles est inaugural. Cela ouvre la perspective d’accrocher les objets et les personnes, entre eux/elles. Bruce rit quand on tire sur une ficelle, là où avant il s’en servait « tout seul ». La ficelle passe dans le champ de l’Autre. Bruce accroche les ficelles à des objets, il fait des cercles avec les ficelles, il se place dans les cercles et cela en devient des circuits. Les ficelles servent maintenant à s’accrocher, et plus uniquement à sautiller. Ça l’a amené à s’accrocher à l’autre. Et puisque l’autre peut être accroché à la ficelle, il le supporte, il rit. L’autre se met à exister.

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Quand une autiste rencontre sa voix – Joana Laranjeira Amaral

Quand une autiste rencontre sa voix – Joana Laranjeira Amaral

Il lui arrive de dire « pa » pour exprimer quelque chose de négatif : parfois, c’est pour dire « non », d’autres fois elle peut exprimer son agacement ou sa frustration à travers ses nombreux « pa ». Elle peut s’énerver quand on ne la comprend pas : elle peut répéter « pa », crier, se mettre à pleurer et elle peut éventuellement se pincer l’avant-bras et se tirer les cheveux.
Un jour, Élise est venue à l’atelier musique, plus précisément elle est venue chanter. Au départ, nous découvrons ensemble le micro, outil qui lui semble totalement inconnu : elle fait des « he he » dans le micro et entend sa voix…

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Partenaire objet – Dimitri Neijns

Partenaire objet – Dimitri Neijns

Ce que je ne sais pas encore à ce moment-là du travail, c’est qu’il est en train de m’apprendre quelque chose de lui lorsque j’observe et participe à ce travail… Au fur et à mesure de l’année, Stuart s’ouvre, non sans coup d’éclat. Il embête notamment beaucoup les autres jeunes et à la maison ses sœurs, pouvant aller jusqu’à les frapper. Le décaler de ça en pointant l’impossible ne faisait qu’augmenter son agitation. Mais un jour, alors qu’il commençait à s’agiter fortement à l’égard des autres en leur criant : « T’es puni ! »…

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La petite soucoupe, un lieu de passage singulier- Carina Arantes Faria

La petite soucoupe, un lieu de passage singulier- Carina Arantes Faria

Avec une collègue, nous avons décidé de faire offre d’une clinique avec les tout-petits accompagnés de leurs parents et proches : un lieu d’accueil et de rencontre – une soucoupe pour les petits.
C’est ainsi que début 2024 nous avons lancé La petite soucoupe, ouverte sous forme de permanences, aux enfants de deux à six ans, portant – selon les critères diagnostiques en cours – des signes autistiques, des difficultés dans l’installation des premiers liens, une certaine détermination à ne pas parler…, accompagnés de leurs parents et/ou leurs proches.

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