
Ce blog ouvre ses colonnes à celles et ceux qui souhaitent témoigner de leur parcours, de l’accompagnement de sujets autistes dans l’orientation attachée à la dimension du cas par cas et se fondant avant tout sur la rencontre et sur la relation avec l’autre.
Praticiens, parents, enfants, jeunes et adultes accompagnés, chercheurs, artistes et d’autres encore trouveront ici à transmettre le bien dire de leur expérience de vie, à partir de la place qu’ils occupent dans leur rencontre avec l’autre. Les capacités d’invention et de créations, les bricolages, les trouvailles qui trouveront place ici nous enseigneront sur les styles de vie permettant à chaque un des sujets autistes de construire une vie digne avec son symptôme.

Eau glacée – Sylvie Pot
En chœur, nous saisissons cet instant et lui demandons s’il souhaite aider à nettoyer les tables. Il accepte. Nous allons chercher un seau rempli d’eau et une lavette. Gaspard trempe sa main dans l’eau, crie et la retire comme s’il s’était brûlé, tout en brassant l’air de ses bras. L’eau est en fait glacée. Une fois tiédie, Gaspard peut se remettre à la tâche, activité qui un temps le borde, et le borde même si bien qu’il ne pense plus à quitter la pièce.

La soucoupe, un lieu pour chaque un – Phénicia Leroy
À La soucoupe, Fleur parle fort et abondamment, de manière théâtrale. Souvent, ses questions « flottent ». Vouloir entamer la conversation est trop intrusif, elle demande qu’on la laisse tranquille ou l’indique en s’éloignant. Répondre à sa question produit une sorte de « retombée », désintéressée, elle est déjà à autre chose. Il arrive qu’elle se parle à elle-même et si l’on intervient, elle nous ignore.

Provoquer n’est pas vouloir – Jessy Debroux
Mais alors, comment provoquer la rencontre ?
En se promenant, une promenade vide d’intention – puisqu’il ne s’agit pas là de vouloir –, mais pas vide de désir, un désir orienté vers la singularité du sujet. Il s’agit d’être distrait de toute intention ; il s’agit aussi d’être averti de sa propre singularité.

Photos de famille – Véronique Pipers
Ali sourit dès qu’il nous voit et demande immédiatement mon téléphone. Il sort la carte mémoire de son appareil photo qu’il porte toujours en bandoulière, la pose sur la table et la photographie de très nombreuses fois au moyen mon GSM. Ensuite, il balaie l’écran de son index pour regarder les images. Il semble perplexe. Il recommence la manœuvre deux fois. Chaque fois, la déception se lit sur son visage.

Circuler dans le monde – Mathieu Vanden Berghe
Que ce soit une balade, la visite d’un musée, prendre les transports, acheter un goûter ou arpenter les rues bruxelloises, ces petits détails, en apparence sans importance, permettent à ceux que nous accompagnons de s’insérer, autrement, dans la cité. Loin d’une norme commune ou à atteindre, La soucoupe offre la possibilité de servir d’appui et de croiser un autre en dehors de tout «savoir préétabli».

Un désir orienté vers le réel -Phénicia Leroy
Ce que l’on rencontre en institution, c’est le réel : ce qui nous échappe, ce qu’on ne comprend pas, ce qui nous angoisse, ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire. Ce réel en jeu nous concerne chacun intimement. Il importe d’« être averti de son propre réel », disait Neus Carbonell, pour apercevoir celui du sujet rencontré.

Bruxelles, le 26 septembre 2024 – Sacha Wilkin
En ce point où deux angoisses se rencontrent, s’ébauche, pour l’enfant et pour l’intervenant, la possibilité d’un franchissement, d’une interprétation en acte de la situation d’angoisse. C’est bien un acte qui y est ici convoqué et dont les effets ne se révéleront qu’après-coup. Un acte qui, selon les indications de Neus Carbonell, vise à produire une rencontre où « la satisfaction de l’un peut provoquer celle de l’autre », où « une étincelle jaillit », incluant une perte.

Docile à l’autiste – Marine David
Nouvelle dans le centre qu’il fréquente, je rencontre d’abord les dessins de Jean avant de le rencontrer. Il a un trait tout à fait singulier : du bout des doigts, il trace des traits légèrement tremblotants mais sans repentir pour composer un dessin qui comprend tous les détails de ce qu’il a dans la tête (souvent des personnages mis en scène). Pour la spectatrice que je suis, c’est à la fois subjuguant et mystérieux. Il n’en faut pas beaucoup plus…

Un nouveau souffle et un peu d’air – Sueda Senay
En tant qu’intervenant en institution, certaines questions de parents reviennent souvent : mon enfant va-t-il parler ? Quand ? Pourra-t-il aller à l’école ? Comment faire pour gérer les « crises » ? Comment être à l’écoute et permettre à chaque parent de développer un bout de savoir en amenant quelques réponses, mais sans boucler la question par un mode d’emploi ? Où les adresser quand ils ont besoin de relais et de réseau ?

S’agripper – Phénicia Leroy
La rencontre avec Martin, arrivé à l’âge de trois ans, m’a beaucoup enseigné sur la façon dont nous pouvons accompagner un enfant à trouver et complexifier sa solution.
Lors de notre première rencontre, Martin agrippe mon corps. Il passe ensuite de bras en bras. Avec les autres enfants, c’est compliqué : il arrache leurs objets, les bouscule ou leur saute dessus. Les enfants en pleurs le happent. Plus nous cherchons à le décoller de l’autre, plus il s’accroche et hurle.