
Ce blog ouvre ses colonnes à celles et ceux qui souhaitent témoigner de leur parcours, de l’accompagnement de sujets autistes dans l’orientation attachée à la dimension du cas par cas et se fondant avant tout sur la rencontre et sur la relation avec l’autre.
Praticiens, parents, enfants, jeunes et adultes accompagnés, chercheurs, artistes et d’autres encore trouveront ici à transmettre le bien dire de leur expérience de vie, à partir de la place qu’ils occupent dans leur rencontre avec l’autre. Les capacités d’invention et de créations, les bricolages, les trouvailles qui trouveront place ici nous enseigneront sur les styles de vie permettant à chaque un des sujets autistes de construire une vie digne avec son symptôme.

La machine à laver la voix – Iseut Thieffry
Tom a une quarantaine d’années et cela fait maintenant une bonne dizaine d’années que nous nous apprivoisons au Centre de Jour, Le Pré-Texte. Enfant, il aimait attraper des insectes volants et les maintenir au plus près de son oreille pour écouter le bruissement de leurs ailes. Jeune homme, il éventrait du matériel électronique ou informatique pour recueillir des roulements à billes et des tiges métalliques afin de construire des instruments vibratoires très particuliers…

Andar de Nones – Atelier d’artistes
Nous sommes un collectif, Andar de nones, composé de quatorze personnes présentant une diversité psychique, accompagnées de membres de leur famille et de collaborateurs.
Nous créons ce que la communauté artistique connaît sous le nom d’Art brut ou d’Art singulier, un mouvement artistique qui occupe des musées, des galeries, des collections publiques et privées dans une grande partie de l’Europe et qui, en Espagne, commence à prendre l’importance qu’il mérite.
Nous venons de publier Impar, notre premier livre d’art, un livre plein de belles images et de textes théoriques.

Malice – Anne Semaille
À prendre en compte l’immuabilité qui inclut la dimension de mouvement, les choses se complexifient, se diversifient pour lui dans son ouverture au monde et aux autres. Il a fallu l’originalité des solutions pour qu’il puisse traiter la répétition d’un trauma. Au sein même de ce monde qu’il cherche à constituer par la création de certitudes, Briac surgit. Au sein même de ce monde, la parole vivante, la sienne et celle de ces proches, pour des moments rares mais suspendus, trouve adresse et écho. Dans des moments inattendus, il surprend l’autre et se laisse surprendre.

Eau glacée – Sylvie Pot
En chœur, nous saisissons cet instant et lui demandons s’il souhaite aider à nettoyer les tables. Il accepte. Nous allons chercher un seau rempli d’eau et une lavette. Gaspard trempe sa main dans l’eau, crie et la retire comme s’il s’était brûlé, tout en brassant l’air de ses bras. L’eau est en fait glacée. Une fois tiédie, Gaspard peut se remettre à la tâche, activité qui un temps le borde, et le borde même si bien qu’il ne pense plus à quitter la pièce.

La soucoupe, un lieu pour chaque un – Phénicia Leroy
À La soucoupe, Fleur parle fort et abondamment, de manière théâtrale. Souvent, ses questions « flottent ». Vouloir entamer la conversation est trop intrusif, elle demande qu’on la laisse tranquille ou l’indique en s’éloignant. Répondre à sa question produit une sorte de « retombée », désintéressée, elle est déjà à autre chose. Il arrive qu’elle se parle à elle-même et si l’on intervient, elle nous ignore.

Provoquer n’est pas vouloir – Jessy Debroux
Mais alors, comment provoquer la rencontre ?
En se promenant, une promenade vide d’intention – puisqu’il ne s’agit pas là de vouloir –, mais pas vide de désir, un désir orienté vers la singularité du sujet. Il s’agit d’être distrait de toute intention ; il s’agit aussi d’être averti de sa propre singularité.

Photos de famille – Véronique Pipers
Ali sourit dès qu’il nous voit et demande immédiatement mon téléphone. Il sort la carte mémoire de son appareil photo qu’il porte toujours en bandoulière, la pose sur la table et la photographie de très nombreuses fois au moyen mon GSM. Ensuite, il balaie l’écran de son index pour regarder les images. Il semble perplexe. Il recommence la manœuvre deux fois. Chaque fois, la déception se lit sur son visage.

Circuler dans le monde – Mathieu Vanden Berghe
Que ce soit une balade, la visite d’un musée, prendre les transports, acheter un goûter ou arpenter les rues bruxelloises, ces petits détails, en apparence sans importance, permettent à ceux que nous accompagnons de s’insérer, autrement, dans la cité. Loin d’une norme commune ou à atteindre, La soucoupe offre la possibilité de servir d’appui et de croiser un autre en dehors de tout «savoir préétabli».

Un désir orienté vers le réel -Phénicia Leroy
Ce que l’on rencontre en institution, c’est le réel : ce qui nous échappe, ce qu’on ne comprend pas, ce qui nous angoisse, ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire. Ce réel en jeu nous concerne chacun intimement. Il importe d’« être averti de son propre réel », disait Neus Carbonell, pour apercevoir celui du sujet rencontré.

Bruxelles, le 26 septembre 2024 – Sacha Wilkin
En ce point où deux angoisses se rencontrent, s’ébauche, pour l’enfant et pour l’intervenant, la possibilité d’un franchissement, d’une interprétation en acte de la situation d’angoisse. C’est bien un acte qui y est ici convoqué et dont les effets ne se révéleront qu’après-coup. Un acte qui, selon les indications de Neus Carbonell, vise à produire une rencontre où « la satisfaction de l’un peut provoquer celle de l’autre », où « une étincelle jaillit », incluant une perte.